La question n’est pas de moi, mais de C. B., qui se nommera lui-même s’il le souhaite.
Mais pour répondre à sa question (que je trouve très drôle!), ça doit pas être facile parce que…
« Je ne sais pas d’où viennent les jokes sur les Haïtiens qui puent. Ça doit dater d’une autre époque ou d’un autre quartier, parce que ceux qui m’entourent sont d’une propreté maniaque. Ils passent sous la douche –un seau d’eau – au minimum deux fois par jour et se savonnent à s’en raboter la peau.
Oui, je les espionne dans leur plus simple appareil. Les gens se lavent le plus souvent dehors, à la vue de tous et sans la moindre gêne. On garde son caleçon, on retire tout le reste et c’est parti, à frotte-que-veux-tu. Ça attire le regard. Les femmes sont en général un peu plus prudes. Elles se lavent aussi à l’extérieur, mais à l’écart.
Un robinet planté à côté de la maison dessert une bonne partie de la Cour. Et mousse, mousse, mousse le savon qui les rend tout blancs, et frotte, frotte, frotte jusqu’à ce que, satisfaits, ils se rincent à grands gobelets d’eau.
— Ou toujou nwa, fwote ankò non[1] !
J’aime bien me moquer de mes voisins. Je connais un tas de blagues racistes, épouvantables mais tordantes, et je me fais un grand plaisir de les raconter. Parce qu’au lieu de créer une barrière ou un malaise, ça fait tout le contraire. La différence existe, dans ses bonnes comme dans ses plus sombres facettes, c’est clairement plus l’fun d’en rigoler que de philosopher. »
[1]« T’es encore noir, continue de frotter ! »
Marie Larocque, Mémé attaque Haïti (extrait)